mardi 10 juin 2014

Johnny Got His Gun

Dalton Trumbo - 1971


Le râle asséché d'un tambour blessé rythme la démarche mécanique d'une flopée de soldats décidés à en découdre ; leurs bottes s'enfoncent dans la glaise sanglante du front, écrabouillant du talon leur destinée funeste, Johnny fonce tête baissée contre le corps de cette jolie fille au regard azur, salé comme un sorbet de larmes ,transperçant les ténèbres à bord d'un train assiégé de fantômes... 
La caméra économise ses forces, en totale symbiose avec le corps déchiqueté du jeune combattant voué à l'immobilité ; au fond de la tranchée crânienne, branle-bas de combat! L'armée des rêves piétine avec splendeur souvenirs émaciés et autres pensées décharnées .. Lorsque doucement des lèvres se posent sur le torse vibrant du petit soldat de plomb, la nature reprend ses droits, envahissant sa chair de pulsations d'insectes, noyant ses membres dans les doux rayons d'un astre oublié. Le travail sur la lumière est hallucinant : jeu d'ombre et de clarté, coloration changeante, l'objectif pour unique champ de vision, témoin intransigeant de cette croisade contre l'interdiction de mourir. La jeune voix de cet enfant de guerre résonne à chaque plan, guidée par une musique onirique aux rythmes tendus, cognant ses échos furieux contre les murs de sa prison, plus seulement corporelle, tremblements de l'âme à jamais condamnée


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire